La Fasciathérapie
Suite à mon article sur les fascias, j’aimerais vous parler de la Fasciathérapie.
Il y a déjà trois ans environ j’ai reçu le meilleur massage de toute ma vie, et je vous assure que la sensation a été sublime, je ne peux pas la décrire sans pêcher par infidélité. J’étais à Sète, magnifique ville portuaire du sud-est de la France, située en Occitanie. J’y ai rencontré Véronique Cinus, grâce à ma meilleure amie qui avait déjà reçu un soin et m’a poussée à en faire.
On dit que les personnes qui bénéficient des séances de fasciathérapie découvrent un nouvel intérêt pour une existence plus profonde, plus vraie. Cela est vrai et j’ai encore fort gravé dans ma mémoire corporelle la sensation exceptionnelle de ce jour!
Véronique Cinus
Passionnée par le corps, le mouvement et l’humain,
je découvre la méthode Danis Bois en 1996.
Danseuse, j’avais un problème de torticolis récurrent dont j’ai pu me défaire grâce à la fasciathérapie. Fascinée par les effets thérapeutiques et l’approche sensorielle de cette pratique qui s’adresse au corps, à ses désordres mécaniques mais aussi à la personne dans son intégralité, je suis aujourd’hui pédagogue du corps, fascia-praticienne, fascia-esthéticienne et spécialisée en art martial sensoriel. Je prodigue mes soins en cabinet et anime des ateliers de mouvement sensoriel et de méditation pleine présence.
LA MÉTHODE
Thérapie manuelle qui mobilise les ressources et les capacités du patient pour faire face à la maladie.
La fasciathérapie s’inscrit dans le courant des thérapies fonctionnelles ou fluidiques qui sollicitent les forces d’autorégulation de l’organisme en favorisant le dialogue avec le corps. Elle associe à son approche curative une dimension éducative et relationnelle qui aborde globalement la personne et la rend active dans sa démarche de santé. Elle insiste notamment sur l’unité corps — psychisme, sur la dimension relationnelle du toucher et sur l’importance du mouvement et de la perception dans la santé.
Elle tient son nom des fascias, membranes qui enveloppent toutes les structures du corps (os, muscles, viscères, système vasculaire et nerveux…) et les relient entre elles, contribuant à leur bon fonctionnement et participant ainsi à la cohérence et à la stabilité de l’ensemble du corps. En tant qu’organe sensoriel le plus important de l’organisme, comme une vaste toile d’araignée, le fascia relie la tête aux pieds et la profondeur à la superficie, en offrant au corps une unité anatomique et fonctionnelle. Le fascia est ainsi largement impliqué dans la perception corporelle, la conscience de soi, les processus douloureux, la régulation des émotions et des grands systèmes.
La fasciathérapie trouve sa place dans l’accompagnement de personnes souffrant de douleurs aiguës ou chroniques, de somatisations, de mal-être, de stress, etc. Elle répond également à la demande de personnes désirant apprendre de la relation à leur corps et gagner en autonomie dans leur démarche de santé.
Cette thérapie peut être recommandée dans un grand nombre de pathologies comme:
Histoire et mode d’action
La fasciathérapie a été développée en France dans les années 80 par Danis Bois, qui introduit le terme fasciathérapie. Kinésithérapeute et ostéopathe de formation initiale, aujourd’hui Docteur en sciences de l’éducation, agrégé en sciences sociales et fondateur du CERAP, Centre d’Etudes et de Recherche en Approche Psycho-pédago-perceptive affilié à l’Université Fernando Pessoa au Portugal.
Sa biographie relate un parcours de praticien et de chercheur, au carrefour des sciences médicales et des sciences humaines. Ce parcours rend compte de l’évolution de la fasciathérapie: cette pratique initialement ancrée dans le soin et ayant au départ une vocation uniquement curative, a évolué pour s’inscrire dans une démarche éducative et d’accompagnement de la personne dans le déploiement de ses potentialités.
Son action repose sur l’association d’un toucher symptomatique, orienté vers la normalisation des déséquilibres tissulaires, articulaires, crâniens et viscéraux par une harmonisation des structures fasciales, et d’un toucher relationnel qui est à l’écoute de la demande profonde du corps.
La main sollicite les mécanismes de modulation tonique, rythmicité interne au cœur des processus de régulation de l’organisme et d’adaptation de la personne. L’approche manuelle est complétée par une approche gestuelle, une approche introspective et une approche verbale. La puissance d’un geste thérapeutique toutefois ne se mesure pas à la volonté déployée par le praticien pour apporter une solution à la problématique du patient mais à la capacité à déclencher la force interne du corps. Le toucher manuel de relation offre une proximité avec la personne en tissant des liens de bienveillance et de confiance indispensables à l’action thérapeutique.
« Tout au long de sa vie, l’être humain est touché par les événements; tout ce qu’il a regardé, entendu, perçu, ressenti, pensé a installé en lui un état particulier, une coloration qui lui est propre. Vers les années 1990, la fasciathérapie prend en considération la dimension biographique du corps et donne au fascia le statut de squelette psychique dans la mesure où ce tissu très réactif stocke les stress physiques ou émotionnels subis jusqu’alors par la personne. Cette évolution était renforcée par le fait que je découvrais un corps imprégné de tonalités endormies. Lorsque ma main se posait sur un corps, elle contactait des zones immobiles, des parties devenues denses, des nœuds qui semblaient contenir des sensations gelées, comme si le corps était constitué de strates, dont certaines apparaissent fossilisées, gélifiées, anesthésiées. Avec l’ostéopathie, je soignais un organisme. Avec la fasciathérapie, je concernais la personne dans sa totalité somato-psychique. C’est à partir de cette prise de conscience qu’est né le toucher relationnel caractéristique de la fasciathérapie. Un toucher qui déclenche chez la personne un fort sentiment d’implication. » — Danis Bois
À travers ces différents outils, le thérapeute accompagne la personne à enrichir la connaissance de son corps et d’elle-même et à mieux percevoir les relations entre son corps, son psychisme et son environnement. La personne traitée est ainsi au centre du soin et apprend à mieux gérer son quotidien. Elle développe de nouvelles attitudes et manières d’être salutogènes, ancrées dans une meilleure perception corporelle.
La fasciapulsologie, développée dans les années 80, est partie intégrante du touché dans la méthode. Employée par Danis Bois et Dr Carini, elle constitue le premier touché de la méthode. Elle travaille essentiellement sur les fascias et la pulsologie, désignant le flux artériel et pouvant être altéré. La qualité et la bonne santé d’un tissu dépendent de son rythme sanguin et de sa qualité de pulsation.
En lien avec les récentes recherche sur le fascia, différentes autres méthodes sont proposées, comme la Fascial Manipulation™ des Drs Stecco, ou la Structural Integration, initialement enseignée aux Etats-Unis par le Dr Ida Rolf.
⋗ La Suisse a récemment engagé un processus de reconnaissance des thérapies complémentaires et de leur utilité pour le système de santé et mis en place un mécanisme de délivrance d’un diplôme fédéral de thérapeute complémentaire.
Depuis, le 24/09/2019 et après examen du dossier présenté par l’Association Suisse des Fasciathérapeutes (ASFascia), la Fasciathérapie figure désormais officiellement parmi les méthodes de thérapie complémentaire reconnues.
⋗ Aujourd’hui Hegel ouvre une rubrique « Fasciathérapies ».
Hegel est une revue trimestrielle francophone de formation, d’informations, et d’actualités professionnelles en santé.
Rencontre avec VÉRONIQUE CINUS
— Quelle est la durée d’une séance? Faut il se préparer avant (à jeun, boire..etc?)
Il n’y a pas de durée définie de séance mais généralement une séance manuelle dure entre 45 mn et 1 heure selon la personne, ses besoins et la réponse du corps. On peut rajouter à cela un temps d’entretien avec le patient et de bilan à la fin de la séance. Il n’y a aucune préparation particulière pour le patient avant la séance.
— En quoi consiste ta propre préparation avant une séance?
Ma préparation personnellement est quotidienne, mon objectif étant d’aiguiser mes perceptions, d’avoir une qualité d’attention et de présence à moi-même pour une qualité relationnelle optimale avec mon patient. Pour cela je vais utiliser les outils de la méthode, la méditation pleine présence et/ou le mouvement sensoriel sous forme codifiée ou libre.
— La séance prévoit un entretien avec le patient ou cela peut se faire de façon intuitive/sensorielle? Faut il toujours savoir ou le « simple » sentir suffit?
Au début il y a un entretien verbal pour définir l’objectif de la séance et écouter les besoins du patient. Si c’est une première séance, je vais expliquer ce que sont les fascias. Je vais l’informer de comment va se dérouler la séance. L’écoute du patient, déjà lors de l’entretien, se fait à partir d’une écoute globale, c’est à dire en étant présente à moi, à mon intériorité de manière corporéisé (présence incarnée corps/esprit) pour être dans une relation empathique et sensible et non juste dans une compréhension mentale. J’entends ce que le patient me dit et ce qu’il ne me dit pas. Pour répondre à ta question, il faut savoir afin de donner une direction, un objectif à la séance et sentir pour être dans l’écoute des lois du vivant. « Notre métier est un doux compromis entre la connaissance parfaite d’un protocole et une disposition à s’adapter au monde de l’imprévisible » — Danis Bois.
— Combien de temps nécessite le corps pour intégrer les changements?
Cela dépend des personnes ou des séances. En effet, le début de la séance consiste à relancer la vitalité ou mouvement interne, dans le corps du patient, et cela peut être plus ou moins long suivant son état de fatigue. Le mouvement interne va être mon outil de bilan et d’écoute du corps. Grâce à lui, je vais pouvoir suivre l’animation des tissus dans l’orientation, l’amplitude et la profondeur juste, pour le libérer.
— Après notre première séance je me suis sentie littéralement au Paradis? Comment tu fais cette magie? D’où tu te nourris?
Être en lien avec soi, dans une présence à soi, à la vie, à sa vie, dans une unité corps/esprit est très goûteux. Une séance de fascia permet ça. Une façon de le prolonger est de pratiquer le mouvement sensoriel et/ou la méditation de pleine présence. Ces outils sont très efficaces.
— Les secrets pour des « bonnes fascias »?
L’entraînement quotidien de cette pratique si nourrissante permet d’être en relation avec les lois du vivant et du sensible. De là vient l’envie de partager tout naturellement ce plaisir.
Pour contacter Véronique ⋗ soindesoi.e@gmail.com
Love,